De Net Zéro à Nature Positive : la nouvelle frontière de la durabilité d’entreprise

Pendant des années, la neutralité carbone (net zéro) a été le cadre dominant de l’action climatique. Mais face à l’effondrement des écosystèmes, il est clair que cela ne suffit pas. Un nouveau paradigme émerge, reconnaissant la nature comme fondement de la stabilité climatique, de la santé humaine et de la résilience économique : nature positive.

Que signifie “Nature Positive” ?

Nature positive est un objectif mondial visant à mettre un terme à la perte de biodiversité et à inverser la tendance d’ici 2030, par rapport à 2020, et à parvenir à une restauration complète d’ici 2050. Ce cadre a été proposé par d’éminents scientifiques et défenseurs de l’environnement dans le document intitulé « A Nature-Positive World: The Global Goal for Nature » et s’inscrit dans la mission du Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal (GBF).

« Nature positive d’ici 2030 » sert de cadre stratégique pour mener des initiatives visant à lutter contre le changement climatique et à restaurer la biodiversité. Cet objectif mondial reflète l’urgence de restaurer les écosystèmes et de préserver les systèmes vitaux de la Terre. Il permet une meilleure intégration entre les initiatives en faveur de la biodiversité et d’autres cadres environnementaux, notamment l’action climatique, la conservation des océans et la prévention de la dégradation des sols.

Pourquoi le zéro net ne suffit pas

Net zero est la pierre angulaire de la stratégie climatique mondiale, essentielle pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, comme convenu dans l’Accord de Paris. Pourtant, le consensus scientifique est de plus en plus clair : cet objectif ne peut être atteint isolément. Sans mettre un terme à la perte de biodiversité et inverser la tendance, ce qui est l’essence même d’une approche positive envers la nature, nous menaçons les systèmes mêmes qui permettent à la neutralité carbone de fonctionner.

Les objectifs de net zero se concentrent principalement sur la réduction des émissions provenant des combustibles fossiles, des processus industriels et des systèmes énergétiques. Cependant, ils négligent souvent le rôle des écosystèmes naturels dans la régulation du climat. La stabilité climatique et l’intégrité écologique sont étroitement liées. Les forêts, les zones humides, les océans et les sols absorbent le carbone, gèrent les cycles de l’eau et amortissent les phénomènes météorologiques extrêmes. Lorsqu’ils sont dégradés, ces écosystèmes libèrent non seulement le carbone stocké, mais perdent également leur capacité à soutenir l’adaptation et la résilience.

En d’autres termes, la dégradation de la nature met en péril la stabilité du système terrestre. La perte de biodiversité, la déforestation et l’acidification des océans sont autant de pressions qui s’accélèrent et poussent les limites planétaires au-delà des seuils de sécurité. Comme le soulignent clairement les auteurs de The Nature-Positive Global Goal for Nature, net zero sans action en faveur de la nature risque de n’être qu’une promesse vide de sens.

En termes simples : le changement climatique et la perte de biodiversité sont les deux facettes d’une même urgence planétaire. S’attaquer à l’un sans s’attaquer à l’autre signifie que nous échouerons sur les deux fronts. Ce n’est qu’en adoptant une approche positive envers la nature, en préservant et en restaurant les écosystèmes tout en décarbonisant, que l’objectif de net zero pourra devenir une voie d’avenir significative.

Nature Positive : un enjeu stratégique pour les entreprises

Selon l’analyse de PwC, plus de 55 % du PIB mondial, soit 58 000 milliards de dollars, dépend modérément ou fortement de la nature. De l’agriculture aux produits pharmaceutiques en passant par le tourisme et les infrastructures, les entreprises dépendent d’écosystèmes sains pour leurs matières premières, la stabilité de leur chaîne d’approvisionnement et l’atténuation des risques.

La perte de biodiversité et la dégradation des écosystèmes constituent des risques directs pour les activités commerciales :

  • Perturbations de la chaîne d’approvisionnement dues à la déforestation, aux sécheresses ou aux espèces envahissantes.
  • Atteinte à la réputation due à un approvisionnement non durable (par exemple, huile de palme, exploitation minière).
  • Pression réglementaire due à l’émergence de nouveaux cadres réglementaires.


Les entreprises qui ne tiennent pas compte des risques liés à la nature peuvent être confrontées à une dégradation de leur notation de crédit, à un désinvestissement des investisseurs et à une baisse de leur part de marché.

À l’inverse, les stratégies positives pour la nature offrent des opportunités significatives :

  • Les géants de la technologie adoptent des solutions basées sur la nature pour compenser leurs émissions opérationnelles. Il ne s’agit pas seulement d’outils de comptabilisation du carbone, mais aussi d’un moyen de soutenir les efforts de reboisement et de conservation menés par les communautés. Ces initiatives renforcent les performances ESG et ont un impact social à long terme.
  • Les marques de biens de consommation financent le reboisement afin de garantir l’accès futur à des ressources naturelles essentielles tout en mettant en place des chaînes d’approvisionnement résilientes au changement climatique.
  • Les institutions financières lancent des produits financiers liés à la biodiversité qui canalisent les capitaux vers l’agriculture régénérative, la conservation des forêts et la restauration des écosystèmes. Ces instruments offrent des rendements tout en répondant aux nouvelles exigences en matière de divulgation d’informations sur la durabilité et aux attentes des investisseurs.

Les stratégies positives pour la nature ne sont plus abstraites. Les entreprises ont accès à des outils concrets pour mesurer et gérer leur impact environnemental :

  • Le cadre LEAP du Groupe de travail sur les informations financières liées à la nature (TNFD) aide les entreprises à cartographier les points de convergence entre leurs activités et la nature, à évaluer les risques tels que la déforestation ou le stress hydrique et à préparer des informations conformes aux rapports ESG.
  • Le Science Based Targets Network (SBTN) permet aux entreprises de fixer des objectifs clairs et fondés sur la science en matière d’utilisation des terres, d’eau douce et de biodiversité dans l’ensemble de leurs activités et chaînes d’approvisionnement.


Cela rend la nature positive mesurable, crédible et prête à être investie.

Restauration : plus que la plantation d'arbres

Une véritable restauration permet de reconstruire des écosystèmes fonctionnels. Les dix règles d’or pour le reboisement soulignent que les efforts doivent être :

  • Adaptés au contexte local et favorables à la biodiversité : utiliser des espèces indigènes qui favorisent la résilience des écosystèmes
  • Inclusifs pour les communautés locales et autochtones : en garantissant une participation et une gestion significatives
  • Conçus pour un suivi écologique à long terme : en suivant les progrès au fil du temps pour mesurer l’impact réel


Chez Go Forest, nous appliquons ces principes au quotidien. Nos projets donnent la priorité aux espèces d’arbres indigènes, collaborent avec des partenaires locaux de confiance et incluent un suivi continu afin de garantir des avantages durables pour le climat, la biodiversité et le bien-être des communautés.

Liste de références

  1. Locke, H., Rockström, J., Bakker, P., Bapna, M., Gough, M., Hilty, J., Lambertini, M., Morris, J., Rodriguez, C. M., Samper, C., Sanjayan, M., Zabey, E., & Zurita, P. (2021). A nature-positive world: The global goal for nature. Nature Positive Initiative.
  2. Convention on Biological Diversity. (2022). Kunming-Montreal Global Biodiversity Framework. https://www.cbd.int/article/cop15-final-text-kunming-montreal-gbf-221222
  3. Nature Positive Initiative. (2024). Principles for nature positive measurability. https://www.naturepositive.org/app/uploads/2024/02/Principles-for-Nature-Positive-Measurability.pdf
  4. (2023). PwC boosts global nature and biodiversity capabilities with new Centre for Nature Positive Business. https://www.pwc.com/gx/en/news-room/press-releases/2023/pwcboosts-global-nature-and-biodiversity-capabilities.html
  5. Science Based Targets Network. (2023). Science-based targets for nature: Initial guidance for business. https://sciencebasedtargetsnetwork.org/how-it-works/the-first-science-based-targets-for-nature/
  6. Taskforce on Nature-related Financial Disclosures. (2023). Recommendations of the Taskforce on Nature-related Financial Disclosures. https://tnfd.global/wp-content/uploads/2023/08/Recommendations_of_the_Taskforce_on_Nature-related_Financial_Disclosures_September_2023.pdf
  7. World Economic Forum. (2020). Nature risk rising: Why the crisis engulfing nature matters for business and the economy. https://www.weforum.org/reports/nature-risk-rising-why-the-crisis-engulfing-nature-matters-for-business-and-the-economy
  8. World Economic Forum. (2020). The future of nature and business. https://www3.weforum.org/docs/WEF_The_Future_Of_Nature_And_Business_2020.pdf
  9. Di Sacco, A., Hardwick, K. A., Blakesley, D., Elliott, S., Ruyonga, G., & Sasaki, N. (2021). Ten golden rules for reforestation to optimize carbon sequestration, biodiversity recovery and livelihood benefits. Global Change Biology, 27(6), 1328–1348. https://doi.org/10.1111/gcb.15498

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